Élodie Segas connaissait bien cette ravissante maison de village sur la place de l’église, puisqu’elle habitait juste en face : « Son jardin de curé avec ses rosiers anciens me faisait rêver », se souvient la jeune femme, qui n’hésite pas, le jour où l’occasion se présente, à troquer sa maison – qui ne disposait que d’une cour – pour cette maison de maître du XVIIIe siècle de 400 mètres carrés. « Outre son jardin, son environnement m’a séduite. D’un côté, nous voyons l’église, et de l’autre, nous avons une vue dominante sur toute la campagne », raconte Élodie, qui travaille en agence d’architecture à Agen.

Contrastes de style
Un autre atout pour cette passionnée de patrimoine et de mobilier ancien est alors que la maison, n’ayant subi aucune modification depuis des décennies, a conservé son état d’origine. Les volumes – quatre belles pièces par étage, organisées autour d’un vaste palier central – offrent un magnifique terrain de jeu pour la décoration. « Je n’ai pas touché aux espaces, explique Élodie. Le plan fonctionnel est agréable à vivre. Toutes les pièces sont communicantes, offrant de jolies perspectives avec les portes en vis-à-vis et une lumière traversante d’ouest en est. » Amoureuse de cette atmosphère désuète, Élodie souhaite garder l’âme des lieux en ne modifiant les revêtements qu’avec parcimonie. La plupart des murs sont laissés tels quels, comme dans la chambre principale avec ses murs bruts, dans un esprit trash wall. Les papiers peints d’époque sont également préservés. « J’aime le côté un peu décalé de ces tapisseries du XIXe siècle qui ont conservé de belles couleurs malgré les décennies. La toile de Jouy du palier présente de jolies tonalités de vert », explique Élodie, qui aime jouer sur les contrastes de style. Dans le salon, le papier peint ancien à rayures jaunes côtoie du mobilier contemporain et design : canapé Hay, lampe d’Henri Mathieu des années 1970 et fauteuil vintage en fibre de verre de Charles Eames.


Dans la cuisine, une applique de Le Corbusier surplombe le mobilier rustique repeint en vert olive de chez Little Greene. Dans la salle à manger, les superbes boiseries d’époque ont été conservées intactes, mais les murs, recouverts d’une tapisserie classique rouge, sont repeints en blanc. « Cela change complètement l’atmosphère ! Je voulais une ambiance poétique et claire qui contraste avec le hall sombre, peint en Railings de Farrow & Ball. » Comme dans l’ensemble de l’intérieur, la pièce est décorée avec des meubles achetés en brocante au fil des ans. En vacances ou le week-end, Élodie est constamment à la recherche d’antiquités. Elle n’hésite pas à parcourir la route pour chiner, ce qui lui donne aussi l’occasion de se balader et de découvrir de nouveaux coins. C’est ainsi qu’elle est allée en Dordogne chercher des globes ornés d’oiseaux.


L’amour de l’ancien
« J’ai été sensibilisée au mobilier ancien dès mon enfance. J’ai grandi entourée d’objets qui racontent une histoire. Avec mes parents, nous allions chez les antiquaires tous les week-ends. Mon père restaurait les meubles et m’a transmis son savoir-faire, même si nous avons un style différent », confie la jeune femme, qui possède également une brocante en ligne, Les Enfants du Vintage. Elle chine surtout dans les vide-greniers et les brocantes locales, réservant les recherches sur Internet pour l’hiver. Dans la région, elle aime particulièrement le village des antiquaires et la brocante Peau d’Âne à Lectoure. Elle se rend également à la brocante de Nérac, Brocline, tenue par un couple passionné dont elle adore les mises en scène.
Une de ses dernières trouvailles est une ancienne devanture de boutique du XIXe siècle, achetée dans son état d’origine avec les vitraux d’époque. « Nous l’avons placée dans l’entrée afin de créer un sas avec l’extérieur. Les dimensions étaient parfaites ! Les vitraux apportent une jolie lumière colorée dans le hall », se réjouit-elle.




