Il est 19h à Marseille lorsque j’arrive sur l’esplanade du J4. Amarrée fièrement devant le Mucem, La Flâneuse attire immédiatement mon regard avec sa silhouette élégante et sa structure en bois. Dès les premières minutes à bord, je ressens une sensation bien différente de celle procurée par un semi-rigide classique. Ici, tout est conçu pour offrir une navigation plus douce, plus intime.
Cap sur le Frioul, au gré du vent et du rythme paisible de ce navire classé « bateau d’intérêt patrimonial ». À bord, chaque détail est pensé avec soin : foutas moelleuses, coussins taillés dans d’anciennes voiles… L’atmosphère est chaleureuse, accueillante. Très vite, on se sent comme chez soi. La ville s’estompe lentement à l’horizon, tandis que le clapotis des vagues accompagne en douceur la traversée.
Un bateau avec une âme
La Flâneuse n’est pas un bateau comme les autres. Construite en 1991 à Martigues, c’est une réplique fidèle d’une tartane de 1903 qui servait au transport de marchandises. Longtemps utilisée par une association à vocation sociale, elle est désormais entre les mains de Mathieu Sombardier, fondateur des Barquettes. Ce Roannais, tombé amoureux de Marseille, a vu en elle bien plus qu’un bateau : une mémoire flottante, un fragment de patrimoine vivant.
À bord, Mathieu et Ancelin, le capitaine, nous accueillent avec chaleur et simplicité. Très vite, un verre de vin à la main — la sélection est soigneusement sourcée à moins de 200 km autour de Marseille — les discussions se nouent. J’ai même le privilège de prendre la barre quelques instants.
Au mouillage, dans une calanque du Frioul, le ciel se teinte peu à peu de rose. Le dîner est servi : houmous soyeux, légumes croquants, mini buns buffala et aubergine confite… Des saveurs méditerranéennes franches et généreuses, à déguster les yeux rivés sur l’horizon.
Le temps à l’arrêt
La magie de La Flâneuse réside dans ce sentiment rare que le temps s’arrête. Le vent sur le visage, l’eau salée sur les lèvres après une baignade, la lumière qui décline. La temporalité devient floue, le moment suspendu.
À travers ce projet, Mathieu ne propose pas de simples balades en mer. Il transmet un héritage précieux : « Le bois est un matériau vivant. Faire naviguer ce type de bateau, c’est prolonger une histoire, porter un projet, transmettre un supplément d’âme ».
Dans un monde qui va toujours plus vite, monter à bord de La Flâneuse, c’est choisir la lenteur, la contemplation et s’offrir une parenthèse inoubliable. Une expérience ouverte à tous – Marseillais ou visiteurs de passage – pour redécouvrir la mer autrement.
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