On pourrait penser qu’ils ont toujours vécu ici, et pourtant, Marie et Bertrand goûtent à la vie vosgienne depuis seulement deux ans. Auparavant, ils vivaient dans une jolie ferme de la Champagne picarde qu’ils avaient patiemment rénovée. En 2021, la retraite approchant, Bertrand propose à Marie de partir pour de nouveaux horizons. Le couple cherche alors une ville d’adoption et choisit Gérardmer, la perle des Vosges. « La qualité de vie est hyper-agréable ici et nous avons de la famille à proximité », confirme Marie. Le couple se met en quête d’une


maison, avec une recherche orientée par plusieurs critères : une situation en centre-ville « pour pouvoir tout faire à pied », une exposition ensoleillée et un bien à rénover pour s’approprier pleinement la décoration. Lorsqu’ils visitent pour la première fois leur maison actuelle, ils visualisent tout le potentiel mais la petite surface les freine. « La maison cochait toutes les cases mais 90 mètres carrés, ça nous paraissait très juste après les 250 de la ferme ! On a cogité dix jours, on a étudié la possibilité d’une extension et on a foncé. »
Penser la maison à son image
Construite en 1949, la maison fait partie d’une zone de reconstruction d’après-guerre classée aux Bâtiments de France.Lecouplesefaitaccompagner par une architecte pour présenter le dossier d’extension, qui se voit tout de même refusé plusieurs fois. La dernière option est la bonne : elle permet l’ouverture d’une façade sur toute la largeur afin d’agrandir la pièce de vie de 20 mètres carrés, ainsi que le sous-sol de la même surface. « On a mis nos meubles en garde-meuble le temps des travaux, et on a campé trois mois avec Oscar, le “petit” dernier qui vivait encore avec nous.


C’était idéal pour faire le suivide chantier au plus près des artisans. Heureusement, il faisait beau, on a bien rigolé ! » Ces travaux d’envergure durent six mois. Marie revoit elle-même tous les plans et l’agencement intérieur. « J’utilisais du papier à petits carreaux et je disposais les meubles principaux que je voulais garder : la console, la table à manger, le canapé… Je me suis essentiellement intéressée à la lumière et à la circulation. Il faut qu’il y ait du vide pour que ça respire. La déco est venue bien après, parce qu’il faut toujours du temps pour s’approprier l’espace. »
C’est ainsi qu’elle imagine une cuisine sans meubles hauts, avec une petite table pour prendre le repas à deux, près de la fenêtre ; ou qu’elle finit par placer les toilettes du rez-de-chaussée, véritable casse-tête, dans un coin de la pièce à vivre. La porte sous tenture, totalement intégrée à la cloison, est désormais astucieusement dissimulée par un papier peint panoramique qui ouvre la perspective et apporte de la profondeur.
Mélanger l’ancien et le moderne
À la fois chaleureuse et intemporelle, la décoration témoigne du penchant naturel de Marie pour mixer avec goût les objets vintage et les pièces plus modernes. Les tables basses contemporaines côtoient ainsi avec évidence le poêle alsacien de 1878. « On rêvait d’un poêle alsacien. C’est la première chose qu’on a achetée après avoir eu la maison. Ce mélange des genres, c’est tout ce que j’aime. Je ne conçois pas la déco pour la déco mais plutôt pour la façon dont je vais vivre avec au quotidien. » Cette philosophie s’applique à tout ce qui compose la décoration : le textile, les meubles, la vaisselle… Inventive, Marie chine beaucoup et détourne à l’intuition ses trouvailles.


Sous ses doigts de fée, les draps anciens deviennent ainsi d’élégants rideaux, le papier de soie se transforme en baladeuse, et les vieilles serres de potager font office de verrières au charme patiné. « Chiner, c’est une vraie philosophie de vie. La qualité des objets anciens est incomparable. Parfois, il suffit de les nettoyer pour révéler toute leur beauté. Pour moi, c’est ce qui permet de rendre un intérieur unique, avec une patine et un vrai supplément d’âme. » Chaque pièce de la maison forme un écrin accueillant et chaleureux grâce à un juste équilibre entre une palette de couleurs naturelles, une association harmonieuse de motifs et un jeu de contrastes entre les matières. « Je travaille beaucoup sur les nuances de blanc qui me permettent d’habiller l’espace avec subtilité. » Partout, des fleurs, fraîches ou imprimées, des miroirs, des curiosités, ou encore des cadres posés… « J’aime poser les cadres parce que je peux les bouger. Mais généralement, quand j’ai trouvé la composition parfaite à mes yeux, je n’y touche plus ! »
Douceur de vivre dans les Vosges
Grâce à l’extension, la maison compte désormais 110 mètres carrés. Le rez-de-chaussée accueille l’entrée, la pièce à vivre et la cuisine. À l’étage, Marie et Bertrand ont aménagé leur chambre, une salle de bains avec dressing intégré, une petite chambre d’appoint et le bureau-atelier de Marie. L’autre partie de son atelier se trouve au sous-sol, où les cuves à linge d’origine ont repris du service ! Marie a en effet retrouvé son activité de sérigraphie artisanale après avoir consacré tout son temps à la rénovation de la maison. Là, dans un cocon qu’elle a rendu aussi cosy que possible, elle confectionne avec soin pochettes et autres objets du quotidien, à partir de beaux textiles anciens ou de toiles tissées dans les Vosges.


On retrouve naturellement ses produits dans toutes les pièces de la maison : un torchon dans la cuisine, un étui à lunettes sur la table basse, des sets de table dans la salle à manger… des créations pleines de délicatesse qui apportent une touche de couleur et de poésie. « J’aime mettre des textiles partout parce qu’ils apportent un effet moelleux ! C’est vraiment une sensation que je recherche plus qu’une esthétique. À chaque saison, je change les coussins et les plaids sur le canapé, ça transforme tout de suite l’ambiance de la pièce. » Parmi les autres rituels de l’hiver, il y a aussi le feu du poêle qui diffuse son agréable chaleur, la flamme des bougies qui danse, les balades en forêt ou autour du lac en compagnie de Violette, le petit cocker facétieux de la famille… autant de plaisirs simples et doux pour mieux savourer cette nouvelle vie à l’orée des sapins vosgiens.



