Un concept store en Provence
Il flotte à Pernes-les-Fontaines un éternel air de vacances. En 2012, 20 ans après avoir découvert cette cité vauclusienne proche de Carpentras, Lau Dejente y pose ses valises. À 800 mètres de sa maison, une grange agricole se trouve mise en location, une occasion en or pour la sudiste qui revient de plusieurs années à Lille et dans le nord de l’Europe avec un regret : « Je retiens du Nord ses concepts stores, inexistants dans le Sud. Cela me manquait. » Forte de son expérience de communicante et manager de marques, notamment chez Ikea, Lau décide de lancer sa propre boutique, la Maison Pernoise. Grâce à une communication bien menée sur les réseaux sociaux, une sélection pointue de pièces, une scénographie joliment travaillée et des événements variés, le concept store devient un lieu de vie central de la petite ville médiévale. Dans cet espace laissé dans son jus s’organise une curation d’objets commandés auprès de 200 fournisseurs et artisans. Objets et mobiliers vintage ou manufacturés, parfois faits sur-mesure : nappes en lin côtoient théières en métal, buffets en bois brut, bougeoirs en terre cuite, chaises cannées, livres d’inspiration… C’est un véritable voyage guidé par un mantra en trois mots : « ethnique, méditerranéen, minimaliste. » Du linge de maison aux luminaires, de la quincaillerie à la vaisselle, cette plongée entre l’Europe du Sud, l’Asie et l’Afrique offre de quoi redécorer son intérieur, quasiment du sol au plafond.
Une bastide à rénover
Cet esprit, Lau Dejente commence par le transposer à quelques encablures, sur le complexe du marché du Lez, un nouveau quartier créatif de Montpellier organisé autour d’anciens locaux industriels et agricoles. En 2020, la passionnée de décoration imagine un nouveau projet, prolongation logique et joyeuse de ces sept années d’activité : « L’idée d’une maison de vacances était sur la wishlist depuis plusieurs années déjà », raconte-t-elle. Lorsque la grange qui abrite la Maison Pernoise est à vendre, elle saisit sa chance… En effet, dans le lot est proposée une bastide attenante, à l’abandon depuis quelques années. « Malgré son mauvais état et ses extérieurs inexploités, j’ai tout de suite été séduite par ses volumes. » La maison, 180 mètres carrés répartis sur deux étages, a besoin d’un coup de fraîcheur. Fidèle à ses inspirations, Lau entend impulser dans cette rénovation la douceur de vivre à la méditerranéenne, tout en l’associant à un minimalisme qui emprunte largement à l’état d’esprit wabi-sabi. Ce concept (à l’origine spirituel) trouve ses racines dans le Japon, au XVe siècle. Il entremêle le wabi, lié à la nature et la simplicité, et le sabi, lié au travail des hommes et à la patine du temps. Ainsi, notant sa « sensibilité, depuis toujours, à cette approche asiatique », Lau poursuit : « Il s’agissait de tirer parti des traces du passé, des imperfections, tout en y associant cette touche de Méditerranée. »
¨ Il s’agissait de tirer parti des traces du passé, des imperfections, tout en y associant cette touche de Méditerranée. ¨
Naissance de la Casa Pernoise
Les sols sont en majorité préservés : tomettes rouges à l’étage, carrelage et parquets patinés par le temps au rez-de-chaussée. Dans l’ensemble des pièces, les murs sont recouverts d’une chaux sans solvant et écoresponsable. La salle de bains existante est rénovée et des espaces bain sont créés dans trois des quatre chambres. Leurs sols sont enduits de béton et dans une même ligne, mobiliers et vasques sont maçonnés et patinés d’un même béton ciré. Les matériaux bruts, déclinés en nuances de beige, de gris, de blancs, harmonisent les différents espaces. « J’aime ce côté immatériel, velouté, ces tonalités aussi lumineuses que chaleureuses », souligne Lau. Au rez-de-chaussée, une cuisine ouverte laisse entrer la lumière. La table en teck Cantina, format famille, invite aux repas en bande, assis sur des chaises dans la même essence de bois. Le soir venu, le monde se refera sous l’éclairage de suspensions en terre cuite. Toutes ces pièces sont choisies avec soin parmi celles proposées à la Maison Pernoise, voisine. La Casa devient un endroit privilégié pour mettre en scène et photographier ces dernières (pouvant être acquises), et la décoration s’y renouvelle régulièrement.
¨ Sensible depuis toujours à l’approche wabi-sabi, je voulais expérimenter, voir jusqu’où pousser le curseur. ¨
Le grand bain
Gardant son aspect d’origine, la façade est rehaussée sur ses boiseries d’une peinture “terre verte” conçue par la maison Argile, qui développe ses nuances à partir de celles présentes originellement dans la nature. Si les intérieurs sont comme un lieu refuge, ils s’ouvrent, au sud, sur un patio extérieur qui donne envie de s’y prélasser indéfiniment. Ses murs ont été partiellement enduits, laissant voir la pierre d’origine. « Les dépendances ont été ouvertes en enlevant leurs murs et en ne gardant que leur structure et leur toit », renseigne Lau. Elles accueillent cuisine et salon d’été. À quelques pas de là, le bleu du bassin creusé dans un béton lissé gris clair, est hypnotisant. Le solarium et ses matelas à hauteur de sol, spécialement pensés pour l’outdoor, accueilleront ceux qui optent pour un bain de soleil. Dans ce jardin brut, oliviers, yuccas, palmiers et cactus bouturés en Sicile, jarres en terre cuite et fleurs de saison apportent douceur et cachet. Bonne nouvelle : cet endroit d’exception accueille les particuliers pour des séjours parenthèses. « Une maison de vacances doit apaiser dès qu’on y pénètre… Le dépaysement se fait aussi par la sensation de lâcher-prise que l’espace nous procure », commente Lau. Le pari est réussi.
Sélection inspirée
Teintes naturelles, lignes brutes et matières patinées pour chambre d’été tout en simplicité.
