Pinceaux féminins, le corps des femmes

Elles esquissent, peignent et transcendent le corps des femmes avec leur palette de gouaches ou d’aquarelles chamarrées. Portrait d’une nouvelle génération d’illustratrices et de peintres inspirées du féminin.

Par Amandine Bessard

Lilian Martinez, textiles graphiques

Qui est-elle ? Lilian Martinez, 33 ans, designeuse visuelle, fondatrice de Bfgf.

Où travaille-t-elle ? À Los Angeles, en Californie, et bientôt à Yucca Valley, dans la maison de campagne qu’elle vient d’acquérir avec son mari.

Comment travaille-t-elle ? Lilian gère une petite boutique en ligne de couvertures et d’oreillers graphiques qu’elle dessine de manière numérique. La trentenaire est aussi peintre et organise une à deux expositions par an.

Quelle est la place du féminin dans ses créations ? Lilian s’épanouit dans la création d’objets de décoration aux teintes douces et lumineuses, dans lesquels elle aimerait que « les femmes voient leur force et leur beauté se refléter ». Elle est particulièrement inspirée par la diversité des corps et des couleurs de peau, en écho à sa propre identité.

Son signe distinctif ? Le travail de Lilian est une ode joyeuse aux femmes, à leurs courbes généreuses, et surtout à celles d’ordinaire peu représentées. Outre ses créations engagées, l’artiste ponctue certaines de ses pièces de références à la pop culture, imposant ainsi son style singulier, à la fois optimiste et humoristique.

bfgf-shop.com / @bfgf

Madi, peinture intimiste

Qui est-elle ? Madi, 32 ans, artiste peintre.

Où travaille-t-elle ? À Biarritz, « un environnement apaisant et ressourçant »selon Madi. Elle partage son atelier avec trois autres artistes féminines, Koralie, Marynn et Agnès.

Comment travaille-t-elle ? Pour la jeune femme, « la peinture est une nécessité ». Ses œuvres sur toile de lin aux nuances poudrées, à l’onirisme revendiqué et à l’articulation de motifs parfois à la limite du psychédélisme se colorent au fil de son humeur, après de longues phases d’expérimentation plastique.

Quelle est la place du féminin dans ses créations ? Madi représente souvent des visages de femmes. Ils sont en fait un reflet d’elle-même, teinté de ses états d’âme et de sa sensibilité. L’art est son exutoire, inspiré des moments les plus infimes de son quotidien, d’une photo à une rencontre, d’un rire à quelques mots…

Son signe distinctif ? Le travail de Madi réussit à évoquer des sujets universels, en transcendant un féminin créatif intime, à la fois intuitif et introspectif.

littlemadi.com / @__________madi_________

Andrea Hurtarte, aquarelles engagées

Qui est-elle ? Andrea Hurtarte, 30 ans, dessinatrice et aquarelliste, fondatrice d’ANML Studio.

Où travaille-t-elle ? À Montréal, dans le quartier d’effervescence artistique de Rosemont La-Petite-Patrie.

Comment travaille-t-elle ? Andrea esquisse des visages et des silhouettes de femmes qu’elle colore à l’aquarelle par zones distinctes, en superposition du dessin. C’est en avril 2018 qu’elle a lancé ANML Studio, venant tout juste de quitter son poste d’architecte. La jeune trentenaire tire depuis elle-même ses illustrations en éditions limitées, au sein du petit studio situé dans son appartement.

Quelle est la place du féminin dans ses créations ? Andrea « essaye de transmettre de la force à travers la féminité de son travail et, ce faisant, de montrer que ces deux notions ont le pouvoir de s’alimenter entre elles ».

Son signe distinctif ? Les aplats de couleurs douces utilisés par Andrea donnent un relief presque vivant à ses créations.
Celles-ci n’en sont que plus efficaces pour renverser, comme le souhaite l’artiste, cette conscience collective obsolète selon laquelle force et féminin seraient antithétiques.

anml.ca / @anmlstudio

Célia Amroune & Aline Kpade, illustrations pigmentées

Qui sont-elles ? Célia Amroune et Aline Kpade, 25 ans, illustratrices et fondatrices de Sacrée Frangine.
Où travaillent-elles ? À Paris, depuis leur studio respectif, ou ensemble, partageant moments de création et pizzas.
Comment travaillent-elles ? Amies d’enfance, Célia et Aline ont découvert l’illustration par la couleur il y a deux ans, continuité logique de leurs emplois de directrice artistique, qu’elles exercent toujours. Le duo de créatrices réalise beaucoup de portraits de femmes de manière numérique, bien qu’elles se plaisent à revenir depuis quelque temps « à des outils plus traditionnels, comme la peinture acrylique et les pastels ».

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Quelle est la place du féminin dans leurs créations ? Pour Célia et Aline, les femmes composent « une source d’inspiration infinie avec tellement de combinaisons de styles, d’identités, de caractères, d’expériences et de talents ». Elles aimeraient pouvoir représenter celles qu’elles admirent ou qu’elles côtoient dans toute leur diversité et leur singularité.

Leur signe distinctif ? Le duo est « obsédé par les carnations de peau, des teints pêche et rosés à l’ébène ». Leurs œuvres expriment, via ces nuances singulières, des thèmes qui leur sont chers, « comme la notion de vivre ensemble ».

@sacree_frangine

Isabelle Feliu, gouache expressive

Qui est-elle ? Isabelle Feliu, 29 ans, illustratrice.

Où travaille-t-elle ? À Oslo, en Norvège, dans son appartement.

Comment travaille-t-elle ? Isabelle peint principalement avec de la gouache sur papier pour aquarelle, un médium qu’elle apprécie « pour sa flexibilité, sa simplicité et sa texture »L’artiste utilise la couleur comme une « zone de confort » qui lui permet aisément de mettre l’accent sur un détail ou de traduire une ambiance. Ses émotions et pensées, ses voyages ou encore la nature composent ses principales inspirations.

Quelle est la place du féminin dans ses créations ? Les illustrations d’Isabelle sont souvent construites autour de personnages féminins, reflet d’un travail « très personnel » et auquel il est « plus facile de s’identifier ». Pour ses prochaines œuvres, l’artiste aimerait intégrer plus de personnages masculins ou androgynes.

Son signe distinctif ? Pour Isabelle, d’un naturel plutôt timide, l’illustration est avant tout un moyen d’expression autre que les mots, avec lesquels elle se considère peu à l’aise. Dans ses dessins, la couleur ne vient pas remplir le dessin, mais lui servir de fond uni ou le substituer avec finesse.

isabellefeliu.com / @isabellefeliu