Lecture : Plantes sauvages, de la cueillette à l’assiette

Êtes-vous toujours attentif à ce qui se trouve sous vos pieds lors de vos balades en forêt ou à la campagne ? Titiane Haton, elle, n’en perd pas une miette. Au fil des pages de son livre, on découvre ainsi avec joie les délices végétaux qu’offre la nature, mais aussi des recettes concrètes pour s’initier à leurs saveurs. Rencontre avec cette experte et passionnée de plantes sauvages comestibles et médicinales.

Par Hélène Lahalle - Photographies : Flavia Sistiaga

Peux-tu nous rappeler ton parcours et nous dire comment tu en es venue à t’intéresser à l’agroécologie, puis à te découvrir une passion pour la cueillette ?

J’ai étudié l’urbanisme puis les sciences de l’écologie, avec la volonté de participer au verdissement des villes. J’ai voulu ensuite mettre les mains dans la terre, c’est pourquoi j’ai travaillé avec l’association Terre & Humanisme, qui transmet les méthodes de l’agroécologie. En 2017, j’ai eu l’occasion de suivre un stage de cueillette de plantes sauvages alimentaires et médicinales. J’ai été très vite fascinée par cette possibilité de cueillir, de transformer, de cuisiner et de fabriquer ses remèdes avec ce qui pousse à nos pieds, souvent de façon invisible.

En quoi les plantes sauvages sont-elles fascinantes selon toi ?

Elles sont fascinantes car elles sont spontanées et donc révélatrices, non seulement de notre rapport au spontané en tant qu’êtres humains mais aussi de la qualité et du caractère d’un lieu et d’un environnement. J’aime avoir cette porte d’entrée pour découvrir un lieu nouveau, qu’il soit très proche ou très loin de chez moi.

De quoi sont-elles synonymes à tes yeux ?

Les plantes sauvages sont synonymes pour moi d’intrigue, de surprise, de goûts amers, déroutants, parfois perdus. Elles sont aussi évocatrices d’histoires, d’héritages enfouis, de souvenirs associés à des ancêtres ou à des pratiques oubliées voire dénigrées.

Comment as-tu sélectionné la vingtaine de plantes que contient l’ouvrage, sachant qu’il en existe des milliers ? Si l’on se réfère à ton livre : 80 000 espèces comestibles…

Oui ! Parmi les milliers de plantes comestibles que l’on pourrait retrouver à notre portée, j’ai sélectionné avec Antoine et Lila, des éditions Ulmer, ces 21 plantes pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’on les retrouve dans la plupart des biorégions sous nos latitudes. Nous n’avons pas sélectionné de plantes spécifiques aux milieux côtiers, montagneux ou humides par exemple. Ensuite, ce sont des plantes avec des signes caractéristiques particulièrement clairs et dont les risques de confusion peuvent être clairement décrits (voir par exemple la mise en garde à la page de la consoude ou de l’égopode). Et enfin, le plus important pour ce recueil de recettes est que ce sont des plantes que je trouve particulièrement intéressantes au goût.

Justement, quelle est ta plante comestible préférée et pour quelle raison ?

J’aime vraiment beaucoup toutes les plantes qui sont présentées dans ce livre… Si je devais n’en choisir qu’une aujourd’hui, jour de mi-février et à l’arrivée du printemps, je choisirais le Gaillet gratteron, car j’en cueille sans cesse en ce moment pour faire des pestos aux noix et que mon corps en redemande.

Et quelle est ta plante estivale favorite ?

Le pourpier, sans hésitation ! Il est croquant, juteux, très généreux. J’en mange tous les jours en été. Je vous invite à aller voir les pages dédiées à cette plante dans le livre.

Comment t’est venu ce goût pour la cuisine des plantes sauvages et comment élabores-tu tes recettes ?

J’ai commencé à intégrer les plantes sauvages à ma cuisine lorsque je vivais et travaillais dans des jardins maraîchers de l’Ardèche et la Drôme. On désherbait des rangées entières de carottes et on se retrouvait alors avec des quantités de pourpier que l’on pouvait manger en salade. Les orties étaient là aussi en abondance tout autour de nous ; j’ai alors cherché toutes les façons possibles et imaginables de les transformer pour absorber toutes leurs richesses nutritives. J’élabore mes recettes à l’instinct, inspirée par la cuisine japonaise, la cuisine de ma mère et l’envie de cuisiner pour mes proches.

Ya-t-il une saison idéale pour partir à la cueillette, et quelle est ta préférée ?

Je cueille à toutes les saisons. Mon regard est seulement orienté vers différentes parties des plantes que je côtoie. Au printemps, il y a l’abondance de jeunes feuilles et des premières fleurs. En été, ce sont les fruits et les plantes plus chargés en arômes. J’aime tout particulièrement les baies et les noix d’automne. En hiver, je cueille encore quelques jeunes feuilles, en me référant à l’ouvrage de Moutsie et Gérard Ducerf, Récolter les jeunes pousses des plantes sauvages en hiver (2015, éditions Terran).

Quel est selon toi le meilleur conseil à donner à une personne novice en la matière ?

Je dirais de choisir deux ou trois plantes qui vous attirent instinctivement et commencer à être à l’affût pour les repérer partout où vous allez. Même si ce n’est pas pour les cueillir et les cuisiner, on peut alors apprendre à les reconnaître et à repérer leurs signes caractéristiques. On les verra sur les bords des chemins et des routes, entre les pavés, dans les parcs… puis on trouvera un endroit propice à la cueillette et on commencera par une recette facile et satisfaisante, comme un pesto crémeux. Ou des chips d’ortie. Les chips d’ortie font toujours leur effet !

@titianehaton
@editionsulmer

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