Amulette est né de cette envie de rassembler, de provoquer une sorte d’émulsion humaine et créative. Un café, c’est un lieu de vie. Les Anglo-Saxons appellent ça un « third place » : le premier lieu étant ton chez-toi, le deuxième ton lieu de travail, et le troisième ce type d’endroit qui permet de se retrouver, seul ou avec d’autres.
HOME : D’où vient le nom « Amulette » ?
Camille : Ce mot m’a tout de suite plu : un petit objet précieux, qui porte chance, qui protège. Il évoque quelque chose de personnel, presque intime. Chacun peut y projeter ce qu’il veut : un coquillage, une plante, un bijou. J’aimais l’idée qu’un café puisse aussi être ça , comme un porte-bonheur collectif.
Quel est votre parcours avant Amulette ?
J’ai passé trois mois en Suède dans une ferme-restaurant où je faisais de la cueillette sauvage, de la cuisson au feu de bois ect. Ensuite, j’ai travaillé chez Plural où j’ai tout appris sur le café. Mon plus grand rêve, c’est d’avoir une auberge à la campagne, une sorte de résidence d’artistes. Amulette, ce n’est que le premier chapitre de ce projet, je l’espère…
La localisation du café était-elle stratégique ?
Historiquement, on y trouvait des ateliers d’artistes ou d’artisanat de pointe. La rue avait un peu été désertifiée à un moment, mais maintenant elle est en train de changer. Il y a beaucoup de commerces qui s’installent, c’est une rue hyper vivante avec un vrai mélange entre petit commerce de proximité et métiers d’artisanat. Il y a encore pas mal d’ateliers : ébénistes, lithographes… Tout ça se croise.
La rue est également piétonne, ce qui est rare et précieux à Paris. Chaque local a sa couleur, moi c’est bleu. Dans cette zone précise, il n’y avait pas vraiment de café à proximité immédiate, il fallait descendre au canal ou remonter vers les Buttes-Chaumont. J’avais l’impression qu’il y avait une place à prendre ici.
Comment vous différenciez-vous des nombreux cafés qui ouvrent à Paris ?
Je crois que la différence se joue dans la sincérité. Et puis je ne me définie pas comme un café, ni un coffee shop – les deux sont pour moi réducteur à la seule boisson qui est le café, alors que je proposes de très bon thés, et chocolats chauds. J’aime dire que je suis un salon de thé – salon de café. Finalement je pense que chacun trouve sa clientèle. Un café, c’est une personne, une vision. Chacun apporte sa touche et va attirer des personnes différentes. Il y a de la place pour tout le monde.
Comment avez-vous conçu l’aménagement ?
J’ai repris le local qui était un cube blanc. Auparavant, ça avait été un atelier d’artiste, mais ça faisait cinq ans qu’il n’y avait plus rien. J’avais une page blanche, c’est ce qui m’a vraiment plu. Je suis très visuelle, donc j’ai fait ça petit à petit, en mettant mes tables avec des chaises, en regardant comment les objets fonctionnaient ensemble. C’est vraiment comme ça, en tâtonnant, que j’ai conçu le lieu, avec mes idées, mes inspirations, ce que j’aimais.Il n’y a pas vraiment une influence, il y en a plein. Nous sommes des éponges : les réseaux sociaux, les voyages, on est inspiré par plein de cultures et de courants. C’est un micmac de tout ce qui m’a inspiré.
Tout le mobilier a été chiné. La table dans le fond vient du ministère de la Culture. J’ai aussi fait appel à un brocanteur pour les tables et les chaises. J’ai fait ma sélection dans leur catalogue. Le banc rose de l’entrée, ce sont des copains qui l’ont fait et qui nous l’ont offert pour l’ouverture du café. Il y a aussi des objets de personnes que je connais : le tableau de ma belle-mère Valérie Betoulaud, les lampes de la vitrine par Alice Palmer à Londres, la fontaine de fruits a été réalisée par Caroline Schmoll. Le linge de cuisine (maniques, dessous de plats, torchons, tabliers) vient de chez Table, la vaisselle de Marimekko …
Parlez-nous un peu de votre sélection de produits.
Je travaille avec des producteurs et artisans engagés. Le café vient de Plural- où j’avais travaillé auparavant. Il prennent soin de sélectionner des projets de cultivateurs qui sont porteurs de sens (écologiquement, socialement) et la torréfaction est faite à Paris même. Le chocolat (pour le chocolat chaud) vient de chez Xoco, qui est le seul producteur de chocolat au monde à développer et cultiver son propre cacao de variété unique et ce depuis près de vingt ans.
Côté boissons fermentées, je collabore avec Cyril en Ardèche, un créateur passionné de cuvées naturelles, et pour les infusions, je travaille avec Lila de la Ferme du Bec Hellouin, que les conçoient spécialement pour Amulette, et changent au gré des saisons et des envies de Lila.
Le reste, granola, confitures, pâtisseries, est fait maison, ou préparé par des amis talentueux comme Simon d’Isis, qui réalise les cookies du lieu.
Et demain, comment voyez-vous Amulette ?
J’aimerais que le lieu continue d’évoluer, d’héberger un corner boutique autour de l’art de vivre, du fait main, des objets qui racontent quelque chose. Également organiser des rencontres avec des artistes, des petits événements … Et un jour peut-être… ouvrir une auberge à la campagne. Mon rêve est de créer un lieu où l’on puisse manger, dormir, échanger, vivre … toujours dans cet esprit d’accueil qui est au cœur d’Amulette.