Comment la poterie est-elle entrée dans ta vie ?
Petite, la sortie scolaire annuelle de mon école était à la Maison du Potier, dans le village du Fuilet, en Anjou. J’étais fascinée par la terre transformée sur le tour et la fluidité du geste du potier ; j’ai toujours eu envie d’essayer, c’était un peu comme un rêve qu’on garde dans un coin de la tête. Plus tard, j’ai fait des études d’arts appliqués – les Arts décoratifs. Je me suis spécialisée dans le graphisme, mais après plusieurs années, j’en ai eu marre d’être derrière un ordinateur.
J’avais besoin d’un retour à la matière, de travailler le volume. J’ai fait un premier stage de poterie – j’ai trouvé cela à la fois très difficile et passionnant ! J’ai continué à prendre des cours et à faire des stages et trois ans après, je me suis installée. Aujourd’hui, mon rythme de vie est entre la ville à Bordeaux et la campagne dans les Landes. J’ai la chance d’avoir un atelier dans les deux maisons, ce qui est plus facile pour gérer le quotidien avec nos trois enfants ; je répartis mon temps entre la préparation de pièces pour des clients, professionnels et particuliers, et des cours et stages dans mes deux ateliers.
La vaisselle est un élément central de ton travail. Quelle vision de la table tes pièces reflètent-elles ?
Je ne sais pas faire quelque chose qui ne sert à rien ; cela m’ennuie ! Je crois que cela vient de ma formation : j’aime créer des choses utiles et bien proportionnées. J’ai commencé par des pièces signature simples et pratiques, je cherchais la forme juste avec un petit twist en plus : des tasses, des petits plats ou des saladiers avec une jolie corolle – mais faciles à ranger, à empiler, et robustes pour convenir à la vie de famille. En fait, je suis partie de ce qui nous manquait à la maison ! Des pièces usuelles, simples, raffinées, mais pas non plus trop délicates pour résister dans les mains de petits enfants et dans le temps. De là, j’ai conçu un set de pièces qui sont combinables entre elles. C’est la vaisselle qui convient à notre manière de manger. On aime préparer des repas simples et conviviaux : dans la semaine, on met sur la table des petits plats avec les restes de la veille, des petites salades, chacun pioche et combine dans son assiette. Pour les repas de fête, c’est un gros plat à partager sur la table pour plus de convivialité. Ce qu’on met dans nos assiettes est important : on essaie de manger le plus bio possible, de se fournir chez des producteurs locaux, qui mettent de l’attention et de l’intention dans ce qu’ils font – il faut que la vaisselle dans laquelle le repas est servi reflète cela. Je tiens cela de ma grand- mère et de ma mère : bien présenter les plats est aussi important que leur saveur ! Quand je crée mes pièces, j’ai en tête cette manière de manger, simple et chaleureuse – je pense à la table que je vais dresser, à la manière dont les gens vont se servir de ma vaisselle.
Où trouves-tu l’inspiration pour tes créations ?
Je m’inspire de ce que je vois au quotidien et qui nous entoure malgré nous – l’architecture, une sculpture, un balcon en fer forgé dans la ville, des feuillages à la campagne, des objets que j’utilise… Je m’inspire de ce qui est là, autour de moi, et qui a déjà été fait, et j’essaie de le transformer en quelque chose de nouveau, de plus contemporain. Je crois que c’est pour cela que mes pièces ont un caractère à la fois très intemporel et très contemporain. J’ai récemment commencé de nouvelles collections de tasses inspirées de la nature, avec des mimosas, ou encore un décor de feuilles de fougère. Notre maison des Landes est dans les bois et on vit entourés de ces plantes, qui changent de façon très caractéristique en fonction des saisons.
Ainsi je tourne des pièces, puis je les grave, y incruste de la terre, et enfin je les peins. Ce sont des tasses difficiles à produire et à reproduire. Cette façon de travailler force à ralentir un peu plus encore, et ça me plaît. Ce sont des pièces singulières, avec un petit supplément d’âme pour sublimer le quotidien : notre café n’a pas le même goût quand on le boit dans une tasse faite à la main par un artisan, et que cette tasse a une histoire qui nous rattache à notre environnement !
Quels sont tes prochains projets ?
J’ai commencé la poterie par de la petite vaisselle, puis en faisant les choses en série, pour mes clients professionnels notamment. J’ai adoré cela : on laisse ses mains faire, cela devient un automatisme, une forme de méditation. Mais petit à petit, j’ai eu besoin d’ajouter à ma collection des pièces un peu plus complexes, toujours dans l’univers de la maison. Je cherche toujours une utilité aux choses et j’aime que ma maison soit remplie d’objets frugaux mais chaleureux. J’ai récemment créé des théières d’inspiration japonaise, des suspensions et des lampes, avec l’envie d’illuminer nos intérieurs et d’agrémenter nos vies de poésie, de charme et de douceur !
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