Brutal Ceramics, argiles singulières

Après être tombée en amour pour la céramique artisanale au Japon, Estelle a lancé Brutal, un e-shop où s’expose à chaque nouvelle saison une sélection de créations façonnées par des céramistes de talent. Des collections d’argiles brutes et authentiques, choisies avec le plus grand soin, qui célèbrent la beauté de l’artisanat et la singularité du fait main.

Par Pauline Blanchard

Corbeilles aux arrondis minéraux, soucoupes laiteuses aux contours irréguliers ou encore vases sculpturaux parés d’émail translucide : saison après saison, les collections de Brutal Ceramics se dévoilent sans se ressembler, avec pour seul point commun la singularité de leurs signatures créatives. Architecte de formation, Estelle Loiseau ne se destinait pourtant pas à œuvrer avec cette matière vivante. Attirée par le Japon, la jeune femme décide de partir découvrir le pays pendant toute une année. « Là-bas, l’artisanat est très présent, confie-t-elle. En visitant les boutiques et les espaces de création, d’abord intéressée par leur architecture frugale et leurs scénographies minimales, j’ai commencé peu à peu à m’intéresser aux céramiques exposées, puis à les collectionner. »

Revenue à Paris, Estelle poursuit ses découvertes en allant explorer les ateliers des céramistes environnants. De plus en plus fascinée par la matière terre, lui vient alors l’idée de créer un shop où seraient mis à l’honneur tous les talents français et japonais rencontrés au fil des mois. Ainsi sort en septembre 2018 la première collection de sa boutique en ligne, nommée Brutal. « Un nom fort, non genré, qui marque les esprits et parle de la matière brute, de la singularité des pièces et de l’aspect féroce des gestes du céramiste pour transformer la terre en argiles émaillées. »

Collectif de talents

Depuis, l’étendue géographique des artisans exposés s’est agrandie. Français, Japonais, mais également Allemands, Espagnols, Anglais… Parmi eux, la Française Lucie Faucon, le Japonais Shin Ito ou encore la Londonienne Ana Kerin de Kana London. Le meilleur de la céramique contemporaine rigoureusement assemblé par Estelle, qui se plaît à dénicher de nouveaux talents au gré des coups de cœur qui la portent.

De l’assiette à la tasse en passant par des vases aux lignes étudiées, chaque nouvelle collection s’articule autour de céramiques utilitaires et de quelques pièces uniques, « des créations atypiques mais sobres, qui traversent le temps, loin d’être semblables mais qui fonctionnent ensemble de par leur ADN contemporain commun. » Des objets artisanaux façonnés en petite quantité, souvent imaginés en exclusivité pour la boutique, fruits d’échange d’inspirations entre les céramistes et la curatrice.

Achat conscient

Le succès est immédiat pour Brutal, et prouve le talent de la jeune femme pour dénicher des pièces singulières mais souligne aussi, en lame de fond, le retour en grâce de l’artisanat et du fait main. Une priorité pour Estelle, mettre en avant le parcours et l’histoire de chaque céramiste qui se cache derrière les objets. « Acheter une céramique artisanale, c’est se faire plaisir avec une belle pièce, mais c’est aussi revenir aux choses belles et simples, prendre le temps de réfléchir à notre façon de consommer, la rendre plus humaine, plus éthique et plus locale », conclut Estelle.

Les inspirations d’Estelle Loiseau

Vos derniers coups de cœur en céramique ?
J’aime beaucoup le travail de la Française Lucile Boudier, celui de Canoa, un studio espagnol, ou encore les pièces de Nobue Ibaraki, une céramiste japonaise. J’ai aussi découvert très récemment des techniques de fabrication de la région de Oaxaca, au Mexique, dans le petit village de San Marcos Tlapazola, en particulier celles de la famille Mateo et leurs pièces en céramique. Les artisans zapotèques sont tous des femmes et leur pratique se transmet au sein de leur famille depuis des milliers d’années. Elles récoltent l’argile rouge lors de promenades en dehors de leur village et la mélangent avec de l’eau et du sable. La cuisson au feu de bois peut se faire dans un four, mais aussi en plein air. Un mode de création très inspirant.

Un livre que vous avez apprécié récemment ?
J’adore feuilleter le livre Utsuwa Katachi de Tomoo Shoken, un ouvrage de céramique qui présente de belles pièces, illustrées par des photographies d’une vingtaine d’artisans japonais.

L’artiste qui vous inspire le plus ces derniers mois ?
Le musicien Nils Frahm.

Votre mantra dans la vie ?
Soyez curieux.

Votre dernier coup de cœur architectural ?
Au Mexique, j’ai adoré la Casa Wabi, une résidence d’artistes fondée en 2014 par Bosco Sodi et construite par Tadao Ando. Un mur de béton de plus de 300 mètres de long articule ce centre d’art implanté sur l’océan Pacifique. L’espace se délimite en deux, en hauteur, les toits en palapa capturent l’esprit local et traditionnel. Au niveau des yeux, on perçoit l’essence plus contemporaine de la maison, avec ses murs de béton géométriques.

Une adresse préférée d’ici ou d’ailleurs ?
Le micro-café Dreamin Man, au décor wabi-sabi, niché dans la rue Amelot, à Paris.

Votre rituel des dimanches après-midi ?
J’adore aller me balader le dimanche après-midi. Pour prendre un café, découvrir une exposition et profiter de la lumière du soleil.

 

Crédit photos : Brutal Ceramics
brutalceramics.com
@brutal_ceramics