Intérieur : une ancienne ferme à Étretat

C’est au cœur du bocage normand, à deux pas des falaises d’Étretat, que Cécile et sa famille ont déniché cette ancienne ferme du XIXe. Jouant sur les volumes et les différentes nuances de blanc, la photographe a su se défaire des traces du passé tout en douceur. La demeure affiche aujourd’hui une atmosphère empreinte de sérénité, propice à la vie de famille et aux soirées cocooning.

Par Béatrice Minard – Photographies : Aurélie Deglane

Les travaux semblent parfois insurmontables… et interminables. Si cette expérience douce-amère peut en effrayer plus d’un, ce ne fut pas le cas pour Cécile et Romain, son compagnon. « Notre précédent bien a été vendu si rapidement que nous n’avons pas eu d’autre choix que de vivre dans une caravane durant toute la durée des travaux, soit plus de huit mois », se souvient la jeune femme. Conscients du potentiel de l’ancienne exploitation agricole, les amoureux travaillent d’arrache-pied durant près d’une année pour aménager le cocon qui accueillera leur famille recomposée. Les mauvais souvenirs font désormais partie du passé, et c’est avec un plaisir tangible que le couple nous ouvre aujourd’hui les portes de sa maison. Le rez-de-chaussée s’ouvre sur la pièce à vivre et se poursuit vers la buanderie, le bureau et la suite parentale, situés en enfilade. Quant à l’étage, il se compose d’une salle de bains et de trois chambres, aménagées à la place de l’ancien grenier. De nombreux changements ont été nécessaires pour parvenir au résultat actuel, à commencer par l’ouverture des espaces et la remise aux normes des différents circuits. Les obstacles ne vont pourtant pas ternir l’enthousiasme du couple, qui réalise lui-même la plupart des travaux. Les rénovations précédentes lui ont servi de terrain d’expérimentation ; c’est donc en bricoleurs chevronnés qu’ils entament leur plus gros chantier. Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer. Aussi différents que complémentaires, Romain et Cécile fonctionnent en duo dans la vie comme sur les chantiers.

Quand l’un se dédie aux gros travaux et remises aux normes, la seconde fait des étincelles dans l’aménagement intérieur ! « Mon parcours professionnel a toujours été lié à l’univers de la maison et de la décoration », précise Cécile. Après cinq années de management chez un grossiste en sanitaires et salles de bains, elle décide de tout quitter pour ouvrir sa propre boutique en ligne. Suivront l’aventure Instagram, la création de contenu et la photographie pour diverses marques de décoration. Quant à Romain, il se détourne progressivement de l’industrie pétrochimique pour se consacrer à la rénovation de biens immobiliers. Le couple gère aujourd’hui plusieurs appartements qu’il propose à la location saisonnière, un virage professionnel que les deux amoureux ne regrettent pas. « L’indépendance n’a pas de prix ! », clament-ils en chœur. Leur dernière acquisition (en pleine mue) prouve que l’aventure n’est pas près de s’arrêter, bien au contraire.

Nature et luminosité

Lumière ! Tel est le fil conducteur pour l’aménagement des différents espaces. Exit les cloisons et le faux plafond qui assombrissent l’ensemble du rez-de-chaussée, place à l’épure et à la luminosité. De l’ancienne maison, le couple ne conserve que les murs extérieurs et le toit. La charpente de l’ancien grenier, très abîmée, sera rénovée, celle du rez-de-chaussée entièrement remplacée et les épaisses parois intérieures cassées. « Il fallait pouvoir se projeter, ce qui n’était pas simple car la maison était sombre et les pièces très encombrées », se remémore Cécile en souriant. La jeune femme réfléchit à un cahier des charges précis en termes d’ambiance et de circulation. « Je tenais absolument à installer une cuisine ouverte sur le salon et la salle à manger. Par ailleurs, Romain et moi aimons les couleurs claires : nous étions donc d’accord pour décliner différentes nuances de blanc dans l’ensemble de la maison », précise- t-elle. Les nombreuses pièces en enfilade laissent place à un grand espace semi- ouvert, pourvu de cloisons discrètes. La dernière en date (une bibliothèque ajourée en béton cellulaire) vient tout juste d’être terminée par le duo. Elle sépare le salon de la salle à manger, sans bloquer la lumière. Parallèlement à cette redistribution des volumes, Romain gère l’ensemble de l’électricité et de la plomberie. « Les anciens propriétaires avaient bricolé un système électrique de fortune. Quant au raccordement à l’eau courante, il était tout simplement inexistant », plaisante-t-il. Les anciennes fenêtres se muent en baies vitrées, invitant ainsi la nature dans le séjour.

̈ Je rêvais d’une circulation fluide, intuitive, mais également d’un grand espace de vie à la manière des maisons de famille d’autrefois.̈

Bousculer les codes

Une fois les gros travaux terminés, Cécile s’attelle à la décoration intérieure. Portée par ses précédentes expériences, elle mise sur l’ouverture des espaces pour créer une grande pièce à vivre dans laquelle toute la famille peut se réunir pour manger et se détendre. « Je rêvais d’une circulation fluide, intuitive, mais également d’un grand espace de vie à la manière des maisons de famille d’autrefois », sourit la jeune femme. La résine façon béton ciré et les murs immaculés forment l’écrin idéal pour mettre en lumière le mobilier chiné. Cécile confesse d’ailleurs n’avoir quasiment jamais acheté de pièces neuves, préférant le charme de l’ancien. Quelques accessoires soigneusement choisis complètent ce décor aussi fonctionnel qu’apaisant. Au fil des ans, la jeune femme se constitue une jolie collection d’accessoires de créateurs : hirondelles en laiton, vases en porcelaine délicate et verrerie chinée composent désormais la signature d’Octobre et Mai, le nom sous lequel sont publiés ses clichés sur Instagram. Côté matières, cap sur le naturel : le lin se mélange tout en douceur à l’osier, au bois patiné et à la 50 céramique. Ce choix volontaire fait sens dans ce décor d’inspiration campagne nordique. La suite parentale est installée dans l’ancien garage, au rez-de-chaussée. Aménagée dans le même esprit d’épure que le séjour, elle s’articule autour de la tête de lit maçonnée. Cécile y expose ses trouvailles artisanales de manière minimaliste, presque monacale. Les rangements, totalement absents, se trouvent en réalité quelques pas plus loin, dans la buanderie. Ce parti pris permet au couple de consacrer leur espace exclusivement au repos grâce à une atmosphère désencombrée. « Quelques détails restent à peaufiner mais nous avons globalement réalisé tous nos rêves », sourient Cécile et Romain. L’étage reste le domaine préservé de Léane, 16 ans, Capucine, 12 ans, et Gustave, 5 ans. Ici encore, l’atmosphère s’équilibre entre esprit campagne et design scandinave. Dans chacune des pièces, le papier peint intervient de façon discrète et fait office de fil conducteur entre elles. Les couleurs oscillent entre bleu doux, vert d’eau et blanc cassé, pour respecter l’harmonie naturelle de la maison. Cécile y photographie d’ailleurs les accessoires et les revêtements de ses clients : travailler de chez elle est un luxe auquel elle est très attachée, et l’on comprend aisément pourquoi !

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Article à retrouver dans le HOME Magazine n°109 (janvier-février 2024), disponible en kiosque
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