Intérieur : Maison Emme, un écrin montagnard chaleureux dans le Queyras

Nichée au cœur du Queyras, vallée secrète et préservée des Hautes-Alpes, la Maison Emme invite ses hôtes à vivre une parenthèse nature hors du temps. Dans cet écrin montagnard aux airs de bout du monde, Justine et Mathieu ont imaginé un lieu de vie réconfortant et chaleureux où le confort se savoure au contact des éléments.

Par Pauline Louis – Photographies : Marta Puglia

Le Queyras ne vole pas sa réputation de bout du monde. La route qui y mène, creusée dans la roche au-dessus des gorges, préfigure déjà l’expérience qui nous attend. Celle du grand air et de la nature, libre et puissante. Pour Justine, c’est un vrai lieu d’ancrage. « Petite, je venais souvent ici en vacances. Avant d’y vivre, c’était l’un des rares endroits où je me sentais vraiment chez moi. » En 2019, elle connaît Mathieu depuis peu de temps lorsqu’ils envisagent de se mettre au vert pour ouvrir une maison d’hôtes. Tous deux sont de vrais couteaux suisses qui ont en commun leur amour pour la montagne et leur aspiration à une vie en connexion avec la nature. Leur doux rêve devient réalité lorsqu’ils rejoignent les parents de Justine, en week-end dans le Queyras.

« J’ai regardé les petites annonces et je suis tombée sur cette maison à Molines- en-Queyras. C’était celle qu’il nous fallait ! On a saisi la balle au bond et tout s’est enchaîné très vite », raconte Justine. Pendant quatre ans, le couple s’emploie à rénover progressivement la bâtisse, au fil des revenus tirés des locations mais aussi des échanges avec leurs hôtes qu’ils considèrent comme de vrais partenaires. Cette période intense et éprouvante finit par les mener chacun vers des chemins différents. Désormais, Justine porte seule ce projet de vie, enveloppant les hôtes de sa présence discrète et bienveillante.

Gîtes nature

Séjourner dans l’un des quatre gîtes de la Maison Emme, c’est s’offrir une parenthèse nature dans une authen- tique fuste perchée à 1 730 mètres d’altitude. Cette maison de pays est l’une des précieuses représentantes de l’architecture traditionnelle de la vallée des Aigues. Elle se compose de trois corps : le caset, partie en pierre autrefois destinée à l’habitation, l’étable, et enfin la spectaculaire fuste, ancien grenier à foin, formée de troncs de mélèze et ouverte sur la façade ensoleillée par un jeu de galeries et balcons superposés. Les quatre gîtes de la Maison Emme sont répartis dans la fuste et le caset, bénéficiant chacun des spécificités de la construction originelle. Perché tout en haut de la fuste, le gîte Céleste offre une vue dégagée sur la montagne. « C’est mon chouchou ! J’y ressens un vrai apaisement, une sensation aérienne. Il est encore plus agréable depuis que nous avons aménagé une grande bibliothèque maçonnée.

C’est un espace que j’aime beaucoup parce qu’on dirait qu’il a toujours été là », partage Justine. Juste en dessous, le gîte Philème dispose d’une belle terrasse abritée. Le bois très présent renforce sa dimension de petit cocon au cœur de la maison. Installés dans l’ancien caset, les gîtes Bon-Henri et La Grande Ourse offrent une ambi- ance différente : esprit cabane face à la montagne pour l’un, pierres et mansarde pour l’autre. « Ma priorité a été de composer avec cette vieille maison. Nous avons souhaité respecter son âme et sublimer les éléments anciens parce que nous savons qu’elle nous survivra. Nous en sommes davantage les gardiens que les propriétaires. »

Éloge de la simplicité

Pour la décoration, Justine s’est laissée porter selon les espaces par une approche intuitive. « J’ai fonctionné au feeling. Je savais spontanément vers quoi je devais aller. L’idée, c’était d’appuyer l’atmosphère qui existait dans la pièce grâce aux matières et aux couleurs, tout en restant dans un esprit naturel et confortable. » Le résultat est un heureux mélange d’objets ramenés de voyage, de pièces chinées sur Selency et d’accessoires dénichés auprès d’artisans d’ici et d’ailleurs.

Pour meubler et décorer, Justine a aussi réutilisé autant que possible l’existant laissé par les précédents propriétaires, des architectes allemands qui avaient attaché beaucoup d’importance à réintégrer les matériaux anciens d’origine. « On a fait comme eux ! Dans les salles de bains, on a transformé des poutres en étagères. Et puis il y avait un certain nombre de meubles sur-mesure, des vieux meubles du Queyras et d’autres petits trésors pile à la bonne taille que j’ai souhaité conserver parce qu’ils contribuent à l’histoire de la maison. »

Organique et imparfait, cet ensemble éclectique forme un décor particulièrement authentique et chaleureux. Dans les gîtes, toutes les fournitures sans exception sont écologiques, du matelas en latex naturel aux produits ménagers en passant par l’épicerie fine mise à disposition. « Lorsque les hôtes arrivent, le poêle est allumé et je veille à ce qu’ils ne manquent de rien. Je n’échange pas beaucoup avec eux sur place, alors à travers les équipements des gîtes, je partage un peu de moi. Rien n’est laissé au hasard. Prendre soin des hôtes et de cette maison m’apporte beaucoup de satisfaction au quotidien », souffle Justine.

Le bonheur blanc comme neige

Déconnecter, prendre le temps de vivre les choses simplement, découvrir la montagne enneigée autrement… À la Maison Emme, l’immersion est totale. De quoi vivre l’hiver profond : la poudreuse, les 100 jours courts, les soirées au coin du feu, et parfois les températures glaciales que l’on ne sentira même pas grâce au climat sec et ensoleillé ! À cette saison, le Queyras reste un véritable eldorado des activités nature. Ski alpin, ski nordique, raquettes, activités bien-être ou insolites comme le chien de traîneau, les possibilités d’explorer le Parc naturel régional et d’apprécier la beauté de ses paysages ne manquent pas. « Ici, tout invite à ralentir. La nature prend une vraie place. C’est ce qui amène nos hôtes à lâcher prise. Souvent, je constate un changement physique dès le lendemain de leur arrivée. Ils sont plus apaisés, plus détendus », se réjouit Justine. Dans un quotidien bien rempli, la jeune femme prend tout de même le temps de s’ancrer dans la vie locale, où l’entraide prime, et de profiter de son joli coin de montagne qu’une vie ne suffirait pas à parcourir. Elle part régulièrement à la chasse aux coups de cœur : bonnes adresses, itinéraires de rando, produits locaux, artisans, spots secrets… Qu’elle partage ensuite avec ses hôtes, de vive voix ou dans les superbes guides qu’elle a créés grâce à son ancienne casquette de graphiste. « Je ne me lasse pas de chercher comment apporter du bonheur aux gens », sourit-elle.