Valentina Solfrini, tableaux vivants

Entre lumière ténue et pénombre, les photographies culinaires de Valentina Solfrini s’admirent comme des compositions picturales, telles des natures mortes du XVIIe siècle. À 29 ans, cette native d’un petit village dans le nord-est de l’Italie, basée aujourd’hui à Bologne, mêle son œil ajusté à sa passion de la cuisine végétale pour donner vie à son blog gourmet Hortus.

Par Juliana Metheyer

L’appétence de Valentina Solfrini pour la photographie culinaire s’est éveillée fortuitement à New York, loin de la pasta al pomodoro et autres délices italiens qui ont bercé son enfance. « J’ai réalisé à quel point la gastronomie était ce qui me reliait le plus aux autres cultures. La cuisine a été pour moi un moyen de me connecter à des pays desquels je voulais me rapprocher, comme la Chine et le Japon », raconte la jeune femme. Alors qu’elle travaille comme graphiste, Valentina suit en parallèle une formation en photographie et décide de lancer un blog culinaire du nom de Hortus, “jardin” en latin.
Pourtant loin d’être une virtuose de la gastronomie, la jeune femme se remémore encore la première recette qu’elle photographie pour son blog : de simples pâtes au pesto fait maison, son cliché le plus réussi selon elle. Très vite, Valentina imagine la palette de couleurs et les sensations qu’elle souhaite insuffler à travers ses photographies, puis visualise les aliments qui pourraient correspondre à ses envies. Peu à peu, son univers créatif se définit, jusqu’à laisser place à des créations dignes de natures mortes picturales.

Passion du troisième art

Tiraillée entre les peintures du siècle d’or néerlandais et celles du courant impressionniste, la jeune photographe se passionne pour le troisième art. « Plus jeune, j’ai suivi des cours d’histoire de l’art et depuis, la peinture me manque, c’est pourquoi je m’efforce d’offrir à mes photos le même sentiment que j’aurais en peignant, souligne-t-elle. La partie édition est la plus amusante pour moi, c’est là que la vraie magie opère et que les photos commencent à ressembler à des peintures. » À travers des jeux de contraste et de couleur, l’identité visuelle d’Hortus enjolive la cuisine toscane. « J’ai tendance à manger et cuisiner des choses simples, ajoute Valentina. J’aime penser que la cuisine peut être transformée en art. Dans mon cas, c’est grâce à la photographie. »

Un art à la fois flatteur pour les yeux et pour les papilles, que la jeune femme se plaît à transmettre lors de ses nombreux ateliers aux quatre coins du monde.

Tiraillée entre les peintures du siècle d’or néerlandais et celles du courant impressionniste, la photographe se passionne pour le troisième art.

Les inspirations de Valentina Solfrini

Votre plaisir printanier ?
Me promener dans la campagne, sentir la brise et essayer de distinguer chaque odeur. Puis partir à la recherche de fleurs et de branches sauvages à photographier.

La fleur qui symbolise le plus le printemps ?
Les fleurs d’oranger lorsque le printemps pointe le bout de son nez et les roses lorsqu’il s’en va.

La palette de couleurs qui symbolise le plus cette saison ?
Du rose poudré et du rose pastel, de l’ocre et diverses teintes de vert foncé.

L’odeur qui vous enivre le plus ?
Celle des roses, des roses et encore des roses.

Votre endroit favori à la campagne ?
Je connais un chemin qui mène à une colline couverte de chèvrefeuille. Lorsqu’on monte jusqu’en haut, on arrive dans un lieu qui surplombe la mer, et tout ce qu’on entend, ce sont les vagues qui se brisent et le bruit des insectes. Il s’agit probablement de mon endroit préféré dans le monde entier.

Le must have d’un pique‑nique réussi ?
Une bouteille de vin, de préférence blanc et pétillant pour moi. Et puis, pas besoin de beaucoup de nourriture : un bon pain, du fromage et une pâte à tartiner au chocolat suffisent.

Votre rituel du matin ?
Le matin, j’aime prendre mon temps. Je me lave le visage avec un savon de Marseille fait à la main et m’hydrate avec un mélange d’huiles végétales. Puis je déguste un thé au jasmin ou à la rose, tout en planifiant ma journée.

La meilleure pâtisserie à déguster avec l’arrivée du printemps ?
Oh, il y en a tellement ! Peut‑être que la pâtisserie que j’associe le plus au printemps est le gâteau mimosa. Un gâteau à base de génoise, de crème et de crème pâtissière, qui d’ailleurs ressemble à la fleur, d’où son nom.

¨ Je m’efforce d’offrir à mes photos le même sentiment que j’aurais en peignant. ¨

Photographies : Valentina Solfrini
@valentinahortus