Guillaume Terver fonde LeLAD en 2010 les pieds à Paris, la tête sur les bords de Rance, près de Saint- Malo. Il imagine ce Laboratoire en Architecture et Design (LeLAD) comme un lieu propice à la créativité et au collectif entièrement dédié à l’espace et à ses fonctions. Persuadé que la solitude est l’ennemie de l’inventivité, Guillaume Terver s’entoure de talents pour faire rayonner un écosystème cohérent autour de LeLAD.
Le voyage comme point de départ
Guillaume Terver naît à Téhéran, grandit à Rome et fait ses études à Paris. Il se passionne pour les voyages et la nature ; sa palette est large, sensible et relève de l’intime. Il sort major de promotion avec une mention excellente en architecture d’intérieur à Penninghen où, reconnaissant, il enseignera 15 ans. Pour lui, le collectif est vecteur d’intelligence ; c’est dans cette optique qu’il s’associe avec Esther Guyon – rencontrée quand elle était son élève à Penninghen – avec qui il cofonde LeLAD Éditions, afin d’éditer leurs propres éléments de mobilier. Il cofonde ensuite avec Manon Lhommelet LeLAD Brut.
LeLAD rassemble les talents et les sensibilités autour de l’architecture et du design en développant grâce à un socle de valeurs communes des projets sincères, authentiques et beaux.Si les LeLAD sont installés à Paris, ils ont aussi leur lieu en Bretagne aux portes de Saint-Malo, où les équipes se retrouvent pour prendre du recul sur les projets. Dans cette ancienne ferme au toit de chaume, LeLAD réfléchit, crée ; le lieu abrite également un espace de présentation du mobilier LeLAD Éditions. En face, la maison de Guillaume Terver, comme une ambassadrice de l’esprit LeLAD, une illustration de l’esprit de laboratoire : simple, fonctionnelle, elle regarde la Rance à 180 degrés et offre une retraite paisible.
La fonction comme vision
Esther Guyon et Guillaume Terver, tous deux architectes d’intérieur et designers de formation, se passionnent pour la rencontre entre la fonction et la matière ; passion qu’ils expriment dans une première collection de mobilier, Fonctions opportunes, unique, en bois massif, façonnée par des artisans voisins de Rance. Une chaise à trois ou quatre pieds, des compléments aux usages multiples et aux hauteurs variées, plusieurs tables, une banquette, un canapé, une bibliothèque et un luminaire constituent cette première prise de parole prometteuse dont le bois, le travertin et la pierre sont les rois. Présenté pour la première fois à Art Paris cette année, cet ensemble de mobilier sculptural séduit et envoûte. Rondeurs et authenticité se marient, se répondent et laissent comprendre les assemblages pour souligner les savoir-faire. C’est d’ailleurs grâce à une collaboration sincère avec les artisans de 3A Agencement que les idées de Guillaume et Esther ont pris vie. « Nous concevons des meubles aux fonctions opportunes, qui prennent forme par nos besoins et se déforment par les lieux. Une production en petite série, en circuit court avec des matières nobles. » LeLAD Éditions ne propose pas une simple collection de meubles. La maison d’édition a l’ambition de répondre à des besoins spécifiques imposés par des lieux, mais aussi d’être un véritable creuset de recherche autour de l’ergonomie, de la fonction et de l’émotion.
Le savoir-faire comme fil rouge
Manon Lhommelet et Guillaume Terver, tous deux architectes d’intérieur fascinés par le geste et le savoir-faire fondent LeLAD BRUT. Par opposition à “net”, l’allure de LeLAD BRUT se dessine comme une approche non décorative mettant en avant le savoir-faire artisanal où chaque chose a sa place et son usage. « Dans notre approche, nous ne faisons justement pas de correspondance avec le mouvement brutaliste qui pour une grande partie fait appel à une architecture neuve, et pas forcément à une architecture de réhabilitation, de réemploi, comme celle sur laquelle nous travaillons. Notre échelle et notre domaine d’intervention se caractérisent autour d’un patrimoine architectural existant urbain ou rural. Notre démarche n’est pas décorative, mais nous travaillons sur comment produire de l’émotion en étudiant l’adéquation entre le lieu et le programme, entre la qualité constructive et l’aspect patrimonial et culturel des lieux que nous investissons. Ici, nous travaillons d’abord sur le pourquoi, le pour qui et le comment… où l’ensemble des contextes sont questionnés et confrontés. » Revenue de cinq ans au Japon après un passage chez Kengo Kuma, Manon apporte à LeLAD BRUT les valeurs de l’architecture japonaise sans se cantonner à une bête japonisation.
Manon et Guillaume appréhendent la phase de démolition comme une période d’archéologie, de découverte de l’existant et de questionnement du réemploi. Détruire, recouvrir ou jeter ne fait pas partie de leur vocabulaire. Manon et Guillaume se font les représentants d’une architecture raisonnée dont on pourra découvrir bientôt deux projets : un nouveau Breizh Café à Dinard et un bar à saké et vins attenant au restaurant japonais de Bertrand Larcher à Saint-Malo : Otonali.
« Dans nos projets, souvent des réhabilitations, il y a deux constantes fortes qui s’alimentent : la mémoire du lieu et la nécessité programmatique des nouvelles attributions. Pour établir un projet, notre travail se base sur l’analyse du lieu et la compatibilité du programme. Nous établissons alors un aller-retour du lieu au programme et du programme au lieu, jusqu’à ce que chacun trouve sa place, sans se dénaturer l’un l’autre. » Photographe, céramiste, paysagiste : les trois protagonistes de LeLAD et de ses émanations sont attirés et fascinés par la pratique artisanale et réussissent à mêler les disciplines dans un parfait équilibre entre esthétisme et usage.
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