Margaux Sacaze, allégresse créative

La fondatrice du blog Margo Chato et de l’e-shop responsable Diverse se confie sur son amour viscéral pour la matière façonnée en conscience et son partage. Une rencontre à l’image de cette jeune touche-à-tout, pétillante et inspirante.

Par Amandine Bessard

Margaux Sacaze est de celles qui ont ce besoin compulsif d’effleurer la matière, pour en faire quelque chose de beau et d’utile. Sa passion pour la décoration, héritée de sa mère, elle l’exprime à ses 18 ans, lorsqu’elle emménage dans son premier appartement. Avec sa sœur, elles suivent aussi les premières blogueuses en vogue, en particulier le contenu d’une certaine Lisa Gachet. Un univers créatif éloigné du sien, mais une personnalité qui l’inspire, demeurant l’« une de ces filles qui ont su s’inventer leur métier avec une passion ». Incapable d’entreprendre sans aimer profondément, cette boulimique du faire et de la matière crée son propre blog, Margo Chato, anime ensuite des ateliers créatifs à Rouen (où elle étudie l’anglais sans réelle conviction) et, fin 2018, lance Diverse, un e-shop d’objets de créateurs du quotidien made in France et vintage. À 24 ans, la jeune femme tout juste diplômée a retrouvé le Sud qui l’a bercée, et compte s’adonner pleinement à sa passion pour les objets éthiques et durables. Margaux, toujours créatrice et chineuse perfectionniste, s’attelle également à faire connaître de jeunes artisans à travers des collections exclusives.

Quel a été le déclic pour lancer Diverse, votre e-shop de décoration engagé ?
Je me suis rendu compte de notre surconsommation, et j’ai eu envie de diriger ma créativité vers des choses qui servent vraiment. Il ne s’agissait plus de faire des DIY purement décoratifs, je voulais que cela prenne un peu plus de sens ! J’avais aussi cette envie d’aider les artisans, parce qu’étant moi-même créatrice, j’ai compris que nous ne pouvions pas tout faire seuls et qu’il était important de s’entraider et de partager notre travail pour se donner un peu de visibilité.

Comment sélectionnez-vous les artisans avec lesquels vous travaillez ?
Majoritairement via Instagram, et je fais aussi quelques marchés de créateurs. J’essaye de choisir des personnes dont le travail correspond aux valeurs de Diverse, de l’éthique et du durable, et qui n’ont pas forcément beaucoup de visibilité. Le but, c’est de les aider, et puis de ne pas proposer des objets que l’on peut voir partout, de sortir un peu des sentiers battus.

Et vos objets chinés ?
J’en choisis peu, du coup ça me demande beaucoup de temps… Je suis un peu perfectionniste sur les bords (rires). J’utilise les mêmes canaux que les particuliers : vide-greniers, Emmaüs, brocantes… Et après, c’est vraiment la recherche de la pièce coup de cœur, en matière naturelle et durable comme du grès, de la céramique, et plus récemment du bois.

Quel est votre rapport à la matière ?
Je pense que j’ai été élevée avec la possibilité de toucher à tout, d’être toujours dans la nature, d’expérimenter des choses avec mes mains… Je me rends compte de plus en plus que je suis quelqu’un de beaucoup plus sensitif et que j’ai besoin de faire. Comme pour beaucoup de gens, c’est un moyen de m’exprimer de toucher à la matière et de sortir ce qui est en moi, parce que je suis une grande stressée et hyperactive.

Où trouvez-vous l’inspiration ?
Comme j’appréhende le monde énormément avec mes sens : partout. C’est pour ça que j’aime bien vivre en ville, parce que c’est un environnement stimulant. Je trouve l’inspiration en me promenant, en faisant des choses, en dessinant… Si un jour ça ne vient pas, je vais prendre un carnet, un crayon et je vais dessiner, dessiner, dessiner, jusqu’à ce que j’aie une idée qui me passe par la tête.

Vous êtes particulièrement créative avec l’upcycling…
Voir le potentiel d’un objet pour en faire quelque chose de mieux, c’est un challenge ! C’est aussi pouvoir se dire que l’on peut avoir des choses à la maison, dont on a envie de se débarrasser, qui peuvent se transformer en d’autres et qu’elles vont rester là quelques années encore.

Vous utilisez beaucoup l’expression de maison qui fait du bien. À quoi ressemble-t-elle, votre maison qui fait du bien ?
C’est une maison dans laquelle on se sent bien pour créer, un petit refuge où j’ai la possibilité de faire des choses de mes mains pour décorer. C’est valorisant, et ça prouve que nous n’avons pas toujours besoin d’acheter plein de choses. C’est aussi une maison où il y a une grande cuisine, parce que j’adore cuisiner et faire à manger… 

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette passion pour la cuisine ?
Je crois que j’aborde la cuisine comme la déco. Dans tous ce que je fais, j’ai besoin de m’amuser, et même dans les restaurants dans lesquels je vais, ce que j’aime, c’est quand j’ai l’impression que la personne qui a fait ce plat y a mis de l’amour. En cuisine, il y a aussi ce rapport permanent à la matière… C’est expérimenter des choses, apprendre à vivre avec la nature et se faire des plaisirs simples.

Avez-vous une recette d’hiver à nous conseiller ?
Un plat soleil, version street food : un pain pita maison garni d’endives braisées, d’un œuf mollet et de feta rôtie au miel et aux épices.

Quels sont vos projets à venir ?
En ce moment, je suis vraiment sur les collaborations exclusives avec les créateurs pour Diverse et l’accompagnement (faire des photos, des portraits d’artisans) dans une perspective plus professionnelle. J’ai aussi créé beaucoup de choses pour le shop pendant le confinement, notamment des collections de papeterie. Et puis, la dernière perspective serait d’ouvrir Diverse en physique, plutôt dans le sud de la France, comme un lieu de vie avec plein d’objets d’artisans made in France et une partie atelier pour créer avec les autres. J’ai envie que ce soit quelque chose d’assez familial, qui me fasse plaisir, pas forcément qui cartonne, mais qui me permette de vivre de ma passion.

diverse.margochato.fr

Les belles adresses de Margaux dans le sud de la France

Native
Un restaurant et galerie d’art. La cuisine est simple mais curieuse, intuitive et passionnée.
2 bis rue des Cardeurs, Perpignan

Le Chat Noir Bistrot
Une cuisine de marché sans chichi mais surprenante. La part belle est faite aux légumes et aux produits du quotidien, souvent au centre de l’assiette.
8 rue Maury, Toulouse
lechatnoirbistrot.com

Canopée Coffee House
Café de spécialités, cantine de saison, mon QG/bureau d’entrepreneuse nomade. L’accueil est très chaleureux et les pâtisseries à se rouler par terre.
28 rue des Couteliers, Toulouse
shop.canopee.coffee

Le Potiron D’Or
Une petite épicerie fine/primeur imaginée par Charlotte et Nicolas, avec du très local ou bien sourcé et uniquement de saison, des légumes et des fleurs du jardin fraîchement livrés par les producteurs.
2 rue des Paradoux, Toulouse
le-potiron-dor.business.site

Les cabanes à huîtres de Leucate
Le village des ostréiculteurs. Pour une terrasse au soleil en plein hiver, partager en famille un plateau d’huîtres et un vin des Corbières dans un endroit pittoresque et authentique.

Le 19.21
Un hôtel slow comme une deuxième maison près de la mer, une décoration mêlant objets chinés, matières naturelles et artisanat.
19 avenue Francis-Vals, Leucate
hotel19-21.com

Le quartier Saint-Étienne de Toulouse
Et la rue Bouquières. Les petites rues, les boutiques indépendantes aux sélections audacieuses et les antiquaires pour s’inspirer.

Les falaises de la Franqui à Leucate
Une balade sur les falaises pour se ressourcer, autant en hiver qu’en été, dans la garrigue, au-dessus de la mer, les cheveux emmêlés par la tramontane, avant de redescendre par les rochers au bord de l’eau.

La Côte Vermeille et la Costa Brava
Emprunter la route le long de la mer et voir défiler tous les villages de la Côte Vermeille, les vignes en terrasses, jusqu’à la Catalogne espagnole. De Collioure au magique cap de Creus en passant par Port-Bou, où est née ma grand-mère, pour en prendre toujours plein les yeux.

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